Tenir la corde pour les autres
William Carey servit le Seigneur pendant plus de quarante ans dans le pays de l’Inde. Jeune homme, lorsqu’il exprima pour la première fois son désir de quitter l’Angleterre pour partir comme missionnaire en Inde, les responsables de son église le critiquèrent et refusèrent de le soutenir. Finalement, quatre hommes pieux se tinrent à ses côtés, promettant de prier pour lui et de le soutenir financièrement.
William Carey parlait souvent de descendre dans la mine d’or de l’Inde. Il dit à ces quatre hommes : « Je descendrai dans la mine si vous tenez la corde. » Et ses amis conclurent ce qu’ils appelèrent leur engagement de “tenir la corde”. Ils gardèrent leur promesse jusqu’à leur mort. Ils ne lâchèrent jamais la corde.
Alors que nous mettons les voiles aujourd’hui à travers ce qu’on appelle la Troisième Lettre de Jean, nous faisons la connaissance d’un “tient-la-corde” du nom de Gaïus. Jean va nous mettre au défi en nous présentant l’engagement de cet homme à soutenir les missions.
Jean appelle Gaïus « bien-aimé » quatre fois dans cette brève lettre ; c’est un mot qui peut se traduire par « mon très cher ami ». D’après cette lettre, nous comprenons également que Gaïus était un dirigeant respecté de son église locale.
Au verset 2, Jean adresse les salutations typiques de cette époque pour la prospérité et la bonne santé de quelqu’un. Puis il fait référence à quelque chose qu’il avait récemment entendu au sujet de Gaïus :
« J’ai été fort réjoui lorsque des frères sont arrivés et ont rendu témoignage de ta fidélité à la vérité, de la manière dont tu marches dans la vérité. » (verset 3)
Les « frères » ici sont des missionnaires itinérants qui avaient rapporté que Gaïus marchait dans la vérité.
Jean est rempli de joie par ce rapport. Il ajoute même au verset 4 : « Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité. » L’expression « mes enfants » implique que Gaïus avait été conduit à la foi en Christ par le ministère personnel de Jean.
Jean en vient ensuite au sujet principal aux versets 5-6 :
« Bien-aimé [Mon cher ami], tu agis fidèlement dans tout ce que tu fais pour les frères, et pourtant ce sont des étrangers. Ils ont rendu témoignage de ton amour devant l’Église. Tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu. »
Encore une fois, ces « frères » étaient des évangélistes itinérants—que nous appellerions aujourd’hui des « missionnaires ». Pour Gaïus, ils étaient des « étrangers », c’est-à-dire qu’il ne les avait jamais vus auparavant. Pourtant, il les accueillit dans sa maison et subvenait à leurs besoins.
Jean souligne que Gaïus avait pour habitude de « pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu » (verset 6). Cela signifiait qu’il pourvoyait pleinement à leurs besoins pour le ministère—nourriture, argent, vêtements supplémentaires, lettres de recommandation—tout ce dont ils avaient besoin.
Ces hommes n’étaient pas des touristes voyageant pour admirer les paysages de la Méditerranée. Jean précise qu’ils étaient en route « pour le Nom » (verset 7). C’est une référence au Nom au-dessus de tout nom—Jésus-Christ. Ces hommes voyageaient à plein temps, servant, annonçant l’Évangile pour le nom de Jésus.
C’est ici que Jean commence à parler des “tient-la-corde”. Au verset 8, il écrit : « Nous donc, [tous les croyants], devons accueillir de tels hommes, afin d’être des collaborateurs pour la vérité. » En d’autres termes : « Soutenons financièrement et concrètement ces missionnaires et devenons effectivement leurs partenaires dans l’œuvre. »
Bien-aimés, le soutien financier n’est pas moins spirituel que le soutien par la prière. Ce sont comme les deux ailes d’un avion, et chaque missionnaire a besoin des deux pour voler.
D’ailleurs, Jean écrit plus haut au verset 7 que ces missionnaires « n’ont rien reçu des païens », c’est-à-dire des incroyants. Ils ne demandaient pas de soutien financier à leurs amis ou voisins non croyants.
Je partage leur conviction. Le soutien de l’œuvre de Dieu doit venir du peuple de Dieu. C’est à nous de saisir cette corde et de goûter ensuite à la joie de participer à la mission mondiale de Dieu, qui est de racheter les perdus. Les soutiens qui tiennent la corde sont aussi essentiels que ceux qui descendent dans les mines d’or du monde.
Ayant grandi dans une famille missionnaire, je ne peux exprimer à quel point mes parents étaient reconnaissants envers ces amis du Minnesota et cette église du Wisconsin qui tenaient leur corde et subvenaient à leurs besoins.
Chaque été, nous remontions vers le nord pour rendre visite personnellement à nos soutiens. Cela nous faisait toujours passer par l’Iowa, où nous rendions visite à M. et Mme Peepers. Chaque fois que nous arrivions dans leur allée, ma mère nous rappelait de ne pas nous moquer de leur nom. Mais nous n’en avions aucune envie, car nous aimions ce qui nous attendait. Sans faute, Mme Peepers avait préparé ses brioches à la cannelle au levain, avec un surplus de glaçage. Voilà ce que j’appelle soutenir des missionnaires !
Ils ne faisaient partie d’aucun personnel d’église ; ils n’étaient pas d’anciens missionnaires ou des responsables communautaires. Ils étaient simplement de pieux fermiers qui aimaient l’Évangile, qui aimaient le Seigneur et qui, accessoirement, nous aimaient aussi. Ils étaient les “tient-la-corde” de la famille Davey.
Malheureusement, tout le monde n’est pas d’accord pour soutenir l’œuvre du Seigneur. William Carey rencontra de l’opposition, et Gaïus rencontra aussi de l’opposition dans son église, de la part d’un homme nommé Diotrèphe. Jean se tourne maintenant vers ce problème.
L’apôtre écrit au verset 9 : « J’ai écrit quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime être le premier, ne nous reçoit point. »
La position de responsabilité de cet homme n’est pas précisée ici, mais Diotrèphe méprise l’autorité de l’apôtre Jean, sans doute parce qu’elle constituait une menace pour son propre orgueil. Jean note que Diotrèphe « aime être le premier ».
Il devait être le premier servi au pique-nique de l’église ; il devait donner le premier vote—et son vote était le seul qui comptait ! Des hommes comme Diotrèphe ont causé du tort aux églises locales à toutes les époques.
Diotrèphe considérait son église locale comme son propre petit royaume. Il s’attendait à ce que Gaïus soit sa marionnette et que les autres membres de l’église le servent.
Le verset 10 nous apprend que Diotrèphe calomniait Jean. L’apôtre écrit : « Si je viens, je rappellerai les œuvres qu’il fait, en tenant contre nous des propos méchants et malveillants. »
Apparemment, Diotrèphe avait lancé une campagne pour convaincre son église de croire le pire au sujet de Jean. Hélas, beaucoup de bons pasteurs ont été chassés de leur église par des hommes comme lui. Eh bien, Jean allait s’occuper de Diotrèphe à son arrivée.
Aussi grave que cela soit, et aussi blessant que ce soit pour l’apôtre Jean, ce qui l’irrite le plus est le traitement que Diotrèphe réservait à ces missionnaires itinérants. Il écrit : « Non content de ne pas recevoir les frères, il empêche ceux qui voudraient le faire et les chasse de l’Église. » (verset 10)
Diotrèphe expulse en fait les membres de l’église qui continuent à soutenir ces missionnaires. Cet homme est un tyran. Il avait littéralement pris en otage la mission de cette église et la dirigeait avec son esprit mesquin et charnel, méprisant ces missionnaires qui répandaient l’Évangile du Christ. Honnêtement, rien dans cette lettre ne suggère que Diotrèphe était véritablement un croyant.
Jean conclut ses remarques au verset 11 :
« Bien-aimé, n’imite pas le mal, mais le bien. Celui qui fait le bien est de Dieu ; celui qui fait le mal n’a point vu Dieu. »
Il avertit l’église—alors comme aujourd’hui—de ne pas suivre le leadership d’un homme avare et égoïste comme Diotrèphe.
Jean oppose ensuite l’influence néfaste de Diotrèphe à l’influence pieuse d’un autre membre de l’église, Démétrius. Leurs noms pouvaient se ressembler, mais leurs cœurs étaient aux antipodes. Jean écrit : « Tous lui rendent un bon témoignage, la vérité elle-même lui rend témoignage. » (verset 12)
Démétrius, comme Gaïus, faisait partie de cette société des “tient-la-corde”. Ces deux hommes pensaient aux autres, investissant personnellement dans les besoins financiers des missionnaires. Ils n’avaient pas besoin d’être les premiers ; en fait, ils voulaient que les autres le soient.
Vivons comme ces hommes. Soutenons ceux qui ont donné leur vie pour répandre l’Évangile. Tenons leur corde aujourd’hui.
Conclusion :
La courte lettre de 3 Jean nous montre comment nous pouvons participer à l’œuvre de Dieu dans le monde en soutenant fidèlement ceux qui sont en mission pour Christ. Elle nous encourage aussi à ne pas écouter ni suivre les critiques, mais à nous concentrer sur le bien que nous pouvons faire pour le Seigneur.
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