Un saint entre les mains d’un conseiller en colère
Le chapitre 22 de Job marque le début du troisième et dernier cycle de discours des conseillers de Job. Cette fois-ci, seuls Éliphaz et Bildad prendront la parole. Et ici, au chapitre 22, nous allons entendre Éliphaz prononcer une dernière condamnation contre Job.
Éliphaz est à présent en colère. Il est offensé parce que sa soi-disant grande sagesse a été ignorée. Vous avez entendu parler des pécheurs entre les mains d’un Dieu en colère ? Eh bien ici, c’est un saint entre les mains d’un conseiller en colère.
Peut-être êtes-vous dans la même situation que Job. Vos actions ont été mal interprétées, vos motivations ont été remises en question, et vous êtes condamné sans aucune faute de votre part. Si c’est le cas, ce chapitre est pour vous. En fait, ce chapitre est pour tout croyant qui donne un jour un conseil à quelqu’un d’autre.
Éliphaz devient ici un exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière de conseil. Je voudrais souligner quatre erreursqu’il commet.
La première erreur, c’est de condamner Job sans comprendre le contexte. Il dit au chapitre 22 :
« Un homme peut-il être utile à Dieu ? […] Est-ce un plaisir pour le Tout-Puissant que tu sois juste ? Un gain pour lui que tu conduises ta vie avec intégrité ? » (versets 2-3)
En d’autres termes, il dit : « Job, tu crois vraiment être utile à Dieu ? Tu penses que Dieu s’intéresse à ta prétention de piété ? Regarde autour de toi. Où est la preuve que tu comptes pour Lui ? »
Des paroles dures et insensibles à l’égard d’un homme en souffrance. La vérité, c’est que Job est sous l’attention attentive de Dieu, en train d’être mis à l’épreuve. Le monde angélique tout entier est, pour ainsi dire, penché au balcon, observant cette grande bataille spirituelle.
C’est Éliphaz qui ne se soucie pas de Job. Ce qui l’importe, c’est d’avoir raison.
Deuxième erreur : Éliphaz se base sur les apparences pour juger Job. Il lui demande au verset 5 : « Ta méchanceté n’est-elle pas trop grande ? » Il regarde seulement à l’apparence extérieure de Job et conclut qu’il souffre beaucoup parce qu’il a péché beaucoup.
Mais nous savons, grâce au chapitre 1, que Job ne souffre pas parce qu’il est en faute devant Dieu, mais parce que Dieu lui fait confiance pour rester fidèle malgré les attaques de Satan.
Troisième erreur : Éliphaz invente des péchés pour justifier la punition de Job. Voilà qu’il va beaucoup trop loin. Si Job est puni à cause de ses péchés, où sont-ils ? Éliphaz ne les connaît pas, alors il les invente.
Il accuse Job d’avoir profité des pauvres, affirmant au verset 6 : « Tu as pris des gages à tes frères sans raison, tu as dépouillé les gens de leurs vêtements. » Ce n’est pas vrai. Il l’accuse d’avoir repoussé les nécessiteux (verset 7) et d’avoir maltraité les veuves et les orphelins (verset 9). Ce n’est pas vrai non plus. Il va même jusqu’à mettre des paroles dans la bouche de Job, disant aux versets 13–14 : « Tu dis : “Que sait Dieu ? […] Il ne voit rien.” »
Enfin, quatrième erreur : Éliphaz présente une image fausse de Dieu en faisant des promesses superficielles. Il promet à Job que s’il confesse son péché, tous ses problèmes disparaîtront. Il dit au verset 28 : « Tu prendras une décision, et elle se réalisera ; la lumière brillera sur tes chemins. » Autrement dit : « Confesse, Job, et ta vie sera pleine de lumière et de bonheur. »
Beaucoup de prédicateurs et de conseillers font encore la même chose aujourd’hui. Ils présentent la foi chrétienne comme un remède rapide à tous les problèmes. Mais c’est un faux évangile. La Bible affirme au contraire que celui qui vit pieusement souffrira et connaîtra même la persécution (2 Timothée 3:12). Devenir chrétien pourrait rendre la vie plus difficile, et non plus facile.
Job répond au chapitre 23. Il sait qu’il souffre, et il sait que Dieu est derrière cette souffrance. Il dit aux versets 3–4 :
« Oh ! si je savais où le trouver […] Je plaiderais ma cause devant lui, je remplirais ma bouche d’arguments. »
Job est convaincu que s’il obtient un procès équitable, il sera « à jamais acquitté » (verset 7).
Puis il prononce cette remarquable déclaration de foi au verset 10 : « Mais il connaît la voie que je suis ; s’il m’éprouve, j’en sortirai pur comme l’or. »
Job continue à croire que Dieu a un but dans sa souffrance—qu’il est en train de le purifier comme de l’or raffiné, pour Ses propres desseins. Job ne connaît pas ces desseins, mais il continue à faire confiance à la main de Dieu.
Cela me rappelle ce grand cantique de foi, How Firm a Foundation, écrit par John Rippon :
Lorsque ton chemin passe par le feu brûlant,
Ma grâce, suffisante, sera ton soutien ;
La flamme ne te fera aucun mal, car Mon dessein
Est d’ôter tes scories et de purifier ton or.
Au chapitre 24, Job fait la liste des péchés qu’il voit autour de lui : avidité et vol (verset 2), oppression (verset 3), meurtre et adultère (versets 14 et 15), et bien d’autres.
C’est une réponse très habile à Éliphaz. Job sous-entend : si Dieu punit toujours les pécheurs, pourquoi tant de pécheurs vivent-ils impunément ?
Cela ne fait sans doute qu’augmenter la colère d’Éliphaz. En réalité, Éliphaz travaille ici pour Satan, et non pour Dieu. Satan est « l’accusateur des frères ». Il veut que le croyant vive sous un nuage de culpabilité et pense que Dieu est fâché contre lui.
Le conseil inspiré par le Saint-Esprit, lui, est bien différent. Le Saint-Esprit convainc d’un péché précis, et lorsque nous le confessons, Il ne le rappelle plus. Satan, au contraire, ressasse nos fautes passées, même celles que Dieu a déjà pardonnées.
J’ai entendu un jour cette comparaison : le diable est comme un garagiste malhonnête. Même s’il ne trouve rien à réparer, il vous dira qu’il a réparé quelque chose. Et à la fin, vous payez pour des réparations qui n’étaient même pas nécessaires.
La vérité, c’est que nous pouvons tous agir comme Éliphaz. En tant qu’époux, nous pouvons refuser de pardonner ; en tant que parents, nous pouvons rappeler sans cesse les fautes de nos enfants ; en tant qu’enseignants, collègues ou partenaires, nous pouvons refuser de reconnaître les efforts ou d’exprimer notre gratitude.
Comme Éliphaz, nous pouvons devenir un conseiller en colère, plus soucieux d’avoir raison que d’apporter de l’espoir. Éliphaz, le conseiller en colère, n’apporte aucun espoir au cœur de Job.
Encore aujourd’hui, un croyant qui commence à perdre courage croit souvent que Dieu l’a oublié. Mais ce n’est pas le cas. Job affirme au chapitre 24, verset 23, à ce moment sombre de sa vie, que les yeux de Dieu sont sur les voies de Ses enfants. Il sait où ils sont et ce qu’ils vivent.
John Rippon a écrit encore dans ce même cantique :
Sois sans crainte, Je suis avec toi, ne sois pas consterné ;
Car Je suis ton Dieu, Je viens à ton secours ;
Je te fortifierai, Je t’aiderai, Je te ferai tenir debout,
Soutenu par Ma main puissante et pleine de grâce.
Bien-aimés, lorsque vous êtes dans l’obscurité, que vous ne savez plus où aller, même si vous êtes entre les mains d’un conseiller en colère, vous êtes encore et toujours entre les mains de votre Père céleste, sage, aimant et plein de grâce.
Conclusion :
Des paroles sages et encourageantes sont une bénédiction pour tout croyant. Mais ces paroles ne sont vraiment utiles que si elles correspondent à la réalité et sont cohérentes avec la Parole de Dieu. Comme Job, nous avons tous besoin d’amis humbles, capables d’apporter des paroles de consolation fidèles et vraies.
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