Se reposer sur le Rocher de notre Rédempteur
Lorsque nous arrivons au chapitre 15, l’esprit de Job est complètement brisé. Ces amis venus lui rendre visite n’ont fait qu’empirer les choses.
Les chapitres 15 à 21 de Job enregistrent le deuxième cycle de discours entre Job et ses conseillers. Job répond à chacun de ses amis. Le vocabulaire de leurs arguments change un peu, mais ils disent toujours la même chose : « Job, tu es un pécheur, et Dieu te juge. »
C’est encore Éliphaz qui parle le premier dans ce deuxième cycle. Il est en réalité furieux que Job refuse de confesser ses péchés cachés. Alors, au chapitre 15, Éliphaz s’emporte et dit :
« Le sage répond-il par un savoir vain ? Se gonfle-t-il la poitrine de vent ? Discute-t-il par des paroles inutiles, par des discours qui ne servent à rien ? » (versets 2–3)
Encore une fois, Éliphaz accuse Job de ne dire que du vent. Mais nous savons bien qui est vraiment plein d’air chaud ici, et ce n’est pas Job.
Au verset 4, Éliphaz accuse Job de « compromettre la piété ». Job a manifestement perturbé la vie dévotionnelle d’Éliphaz.
Mais voici pourquoi Éliphaz est si en colère : lui et ses deux amis sont convaincus qu’un homme juste ne souffre pas. Si Job souffre tout en marchant avec Dieu, alors cela veut dire qu’eux non plus n’ont aucune protection spéciale contre la souffrance. Si l’obéissance à Dieu ne garantit ni la santé ni la prospérité, alors ce qui arrive à Job pourrait bien leur arriver aussi.
Ces conseillers sont en quelque sorte les prêcheurs originels de la prospérité. « Si tu marches avec Dieu, Dieu va te combler de bénédictions. »
Mais Job ne rentre pas dans leur petit système théologique centré sur eux-mêmes. Alors ces hommes s’obstinent dans leurs arguments pour préserver leur propre sentiment de sécurité. Éliphaz dit au verset 20 : « Le méchant souffre toute sa vie. » Pourquoi ? « Parce qu’il a levé la main contre Dieu, parce qu’il a bravé le Tout-Puissant » (verset 25). Éliphaz est convaincu que Job est méchant, parce qu’il souffre.
Job répond dans les chapitres 16 et 17. Il résume ses pensées au verset 2 du chapitre 16 : « J’ai entendu bien des choses semblables ; vous êtes tous des consolateurs fâcheux. » Dans ce deuxième cycle, ses amis n’apportent rien de nouveau. Ils ne sont pas plus proches de la vérité qu’au début.
Mais Job corrige leur théologie. Il ose dire que la source de sa souffrance n’est pas son péché, mais Dieu lui-même. Il déclare au verset 7 : « Dieu m’a épuisé », et au verset 12 : « Je vivais tranquille, et il m’a secoué. »
Bildad, le Bulldozer, parle à nouveau au chapitre 18, et il ravage encore un peu plus le cœur de Job. Il décrit le destin horrible du méchant au verset 5 : « La lumière du méchant s’éteint. » Autrement dit, seul l’obscurité attend un pécheur comme Job.
Job commence sa réponse au chapitre 19 en demandant à Bildad : « Jusqu’à quand me tourmenterez-vous, et m’écraserez-vous de vos discours ? […] N’avez-vous pas honte de mal me traiter ? » (versets 2–3).
Et dans ce chapitre, Job va dire quelque chose d’important qu’il faut souligner. Job reconnaît que Dieu le frappe, mais il ne croit pas que Dieu soit juste envers lui. Il dit : « Il me considère comme son ennemi » (verset 11), et encore : « Mes frères se sont éloignés de moi […] Mes proches m’ont abandonné » (versets 13–14).
Et pourtant, au milieu de ses plaintes, Job proclame cette affirmation extraordinaire :
« Mais je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; après que ma chair aura été détruite, je verrai Dieu. » (versets 25–26)
C’est une déclaration incroyable. Malgré une révélation très limitée à son époque, Job a l’assurance que son Rédempteur est vivant, et qu’il verra Dieu. Et j’aime que Job ne dise pas : « Je sais que mon Rédempteur vivra un jour » ni « Je sais qu’il a vécu autrefois ». Non. Voici la base de sa foi persévérante : « Je ne Le vois pas, je n’entends pas Sa voix, mais je sais qu’Il est vivant. »
Charles Spurgeon a écrit à propos de ce passage :
Repose-toi sur ce rocher—si tu luttes dans les flots en ce moment et que les vagues du doute s’abattent sur toi, repose-toi sur ce rocher—Jésus est vivant.
Tsophar prend maintenant la parole au chapitre 20, répétant encore le même argument fatigué : que les méchants sont punis et que les justes prospèrent. Cela sera vrai au moment du jugement final de Dieu ; mais ce n’est pas vrai maintenant dans notre monde corrompu par le péché.
Job répond au chapitre 21 en soulignant au verset 7 : « Pourquoi les méchants vivent-ils ? Pourquoi vieillissent-ils ? Pourquoi même deviennent-ils puissants ? » Il fait remarquer au verset 9 que souvent « leurs maisons sont en paix, sans crainte, et la verge de Dieu ne vient pas les frapper. » En fait, Job affirme : « Ils passent leurs jours dans le bonheur » (verset 13).
Il suffit à Tsophar et ses amis de regarder autour d’eux. Ils ont construit une petite théologie confortable qui ignore la réalité. Mais une telle théologie, qui insiste pour dire que les justes prospèrent toujours et que les méchants souffrent toujours, produit des chrétiens superficiels. Quelle erreur ! Job conclut au verset 34 : « Il ne reste rien de vos réponses que fausseté. »
Les conseillers de Job n’ont fait qu’aggraver ses blessures. Ce sont des hommes sans grâce, avec des raisonnements simplistes, incapables d’apporter la moindre consolation à un homme en deuil. Bien-aimés, ne soyons pas comme eux.
Souvenons-nous que la vie est compliquée, et que les réponses ne sont pas toujours évidentes. Et si les desseins de Dieu dans la souffrance ne sont pas clairs, nous devrions y réfléchir à deux fois avant d’expliquer à quelqu’un ce que Dieu fait dans sa vie.
Soyons attentifs aux occasions d’encourager les autres. Le langage universel de notre monde déchu, c’est le langage de la souffrance. Nous sommes entourés de gens qui ont désespérément besoin d’une parole d’encouragement.
Pendant plusieurs mois avant le décès de ma pieuse belle-mère, elle a subi des séances de dialyse hebdomadaires. C’était un univers que je ne connaissais pas. Un jour, je suis allé la chercher à la clinique, et elle m’a raconté tous les gens qui venaient s’y faire brancher aux machines, trois fois par semaine, pendant plusieurs heures à chaque fois. Ces patients étaient de tous âges, de toutes tailles, de toutes origines. Il y avait une dame de 85 ans qui saluait tout le monde en arrivant. Un couple d’âge moyen venait de commencer les traitements ensemble. Il y avait aussi un jeune homme de seize ans, très agréable avec tout le monde. Ma belle-mère était particulièrement impressionnée par lui. Relié à la machine, il supportait le traitement avec patience.
Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : qui connaissait sa condition au lycée ? Les autres élèves savaient-ils pourquoi il ne restait jamais après les cours ? Les enseignants savaient-ils pourquoi ses horaires étaient aménagés trois jours par semaine ? Quelqu’un savait-il qu’il souffrait ? Ma douce belle-mère, elle, était toujours prête à lui adresser une parole d’encouragement.
Bien-aimés, nous serions surpris du nombre de personnes souffrantes que nous croisons chaque jour dans les couloirs, en classe, au supermarché. La grâce devrait toujours être en éveil. La consolation devrait toujours être disponible. Cela peut être un mot aimable, une poignée de main, un bonjour, quelques paroles de compassion et de grâce.
Avez-vous déjà réfléchi au fait que Dieu ne nous console pas pour que nous soyons à l’aise, mais pour que nous devenions consolateurs ? (2 Corinthiens 1:3–4) En réalité, la consolation de Dieu ne nous est jamais donnée—elle nous est prêtée. Dieu veut que nous la redistribuions autour de nous.
Conclusion :
Comme Job, nous désirons du soulagement et des réponses dans les moments de souffrance. Mais lorsque nos amis n’ont pas de réponses et que la Parole de Dieu ne donne pas d’explication spécifique, nous pouvons toujours nous accrocher à cette merveilleuse assurance : notre Rédempteur est vivant, nous verrons Dieu, et en Lui nous trouverons consolation et réponses éternelles.
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