Un monument de louange dans la vallée du désespoir
Les citoyens et agriculteurs de la ville d’Enterprise, en Alabama, faisaient face à un sérieux problème. Toute leur économie reposait sur le coton, et c’était pratiquement la seule culture pratiquée. Mais en 1915, un petit insecte remonta du Mexique jusqu’en Alabama. Quelques années plus tard, tous les champs de coton furent ravagés par ce minuscule parasite appelé le charançon du cotonnier. Les agriculteurs se dirigeaient droit vers la faillite, entraînant avec eux toute la ville.
Au lieu de faire ses valises et de partir, un agriculteur prit une autre décision : il planta une culture différente—une culture que le charançon ne pouvait pas détruire, une culture promue par un ancien esclave devenu instituteur, du nom de George Washington Carver.
À la fin de cette année-là, la récolte d’arachides fut si prospère que cet agriculteur paya toutes ses dettes et lui resta même de l’argent. L’année suivante, les autres fermiers plantèrent aussi des arachides—et tous prospérèrent.
Depuis plus de cent ans, les visiteurs d’Enterprise, en Alabama, peuvent admirer un monument placé au centre de la ville—érigé en reconnaissance envers… le charançon du cotonnier. Imaginez un peuple élevant un monument en signe de gratitude pour une crise qui a finalement mené à une bénédiction.
Ce que le riche agriculteur et homme d’affaires Job ignore, c’est qu’un parasite bien plus dangereux s’approche de son territoire. Il ne s’agit pas d’un insecte, mais de Béelzébul—le diable lui-même.
En seulement trente-neuf secondes, Job a appris par quatre messagers qu’il est désormais ruiné et endeuillé de ses dix enfants adultes. Il ne le sait pas encore, mais Dieu a permis au diable de lui ôter tout ce qu’il avait afin de révéler Sa puissance dans la vie de l’un de Ses fidèles serviteurs.
Satan avait prédit que Job maudirait Dieu s’il perdait tout, mais il s’est trompé. À la fin du chapitre 1, nous lisons ces paroles stupéfiantes : « En tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu. »
Le problème, c’est que le diable n’en a pas fini avec Job, et Dieu va permettre qu’il souffre encore davantage.
Le chapitre 2 commence ainsi :
« Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Éternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux pour se présenter devant l’Éternel. L’Éternel dit à Satan : D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel : De parcourir la terre et de m’y promener. » (versets 1-2)
Bien sûr, Dieu sait où Satan est allé. Satan continue de scruter la vie de Job, et il est sans doute furieux que Job n’ait pas blasphémé Dieu malgré tout ce qu’il a perdu.
Alors le Seigneur va droit au but au verset 3 et dit à Satan : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? » La réponse est évidente. Un auteur a comparé cette question à celle-ci : « Avez-vous remarqué les filles ? » adressée à des étudiants en première année d’université. Que font-ils d’autre, après tout ?
Satan, furieux, répond au verset 4 : « Peau pour peau ! Tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie. » Il insinue ici, avec cruauté, que Job était prêt à sacrifier la vie de ses enfants tant qu’il gardait sa propre peau.
Il ajoute au verset 5 : « Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu’il te maudira en face. » Autrement dit, « fais-le souffrir physiquement, et il reniera sa foi. »
Une fois de plus, Dieu délègue une certaine autorité à Satan, tout en limitant strictement son action. « L’Éternel dit à Satan : Voici, il est en ton pouvoir ; seulement, épargne sa vie » (verset 6).
Dès que Satan obtient cette permission de Dieu—et ne perdez jamais cela de vue, bien-aimés—ce n’est qu’après avoir reçu cette permission qu’il peut agir contre Job, et le verset 7 nous dit :
« Satan se retira de devant l’Éternel. Puis il frappa Job d’un ulcère malin depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. »
Le mot hébreu pour « ulcère » peut aussi être traduit par « furoncle », le même mot utilisé pour l’une des dix plaies d’Égypte (Exode 9:9). Et ces furoncles ne sont que le début. Job souffrira d’environ vingt-cinq affections différentes au cours de cette période.
Il connaîtra des démangeaisons (chapitre 2), une perte d’appétit, la peur et l’angoisse (chapitre 3), des vertiges, de l’insomnie, et une peau durcie qui suinte de pus (chapitre 7).
Je ne cherche pas à être choquant—mais il nous faut bien mesurer l’étendue de sa souffrance. Il aura aussi du mal à respirer (chapitre 9), subira une perte de poids (chapitre 19), et souffrira constamment de douleurs et de fièvre, au point que même ses os le brûlent (chapitre 30). Satan tourne la vis de la souffrance en espérant que Job finira par maudire Dieu.
Le verset 8 nous dit que Job « prit un tesson pour se gratter, et s’assit sur la cendre. » Remarquez que Job n’est pas allongé dans un lit propre, entouré de soins médicaux. Il est assis sur de la cendre.
Il s’agit ici de la décharge publique, à l’extérieur des villes antiques du Moyen-Orient. C’est là que l’on brûlait périodiquement les ordures pour des raisons sanitaires. C’était le domaine des chiens errants et des lépreux. Et c’est là que Job est assis—dans la cendre encore tiède d’un feu de détritus.
Bien-aimés, regardez-le bien : son corps entier est couvert d’ulcères suintants ; ses yeux sont gonflés de larmes ; ses vêtements sont souillés de terre et de sang ; sa respiration est courte et laborieuse ; son visage est émacié et ses joues creusées. Voilà l’homme qui nous avait été présenté comme « le plus grand de tous les fils de l’Orient ».
Et maintenant, il est là, assis à la décharge publique, se balançant d’avant en arrière dans la douleur et le désespoir, inconscient des chiens et des mendiants autour de lui, se grattant avec le bord émoussé d’un tesson pour trouver un semblant de soulagement. Son esprit est encore bouleversé par dix tombes fraîches et la perte de tout. Il se souvient de chacun de ses enfants et de tous ces moments bénis. Mais aujourd’hui, où est Dieu ? Peut-être que Dieu ne vaut pas la peine d’être suivi, après tout. Satan se penche. Sûrement, Job va blasphémer Dieu maintenant.
Alors au verset 9, la femme de Job arrive et le supplie de maudire Dieu—de renier Dieu et de mourir. Je pense qu’elle dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Et je pense aussi qu’elle est l’une des femmes les plus mal comprises de la Bible, c’est pourquoi je n’en parlerai pas davantage maintenant. Je veux lui consacrer notre prochain enseignement.
Mais pour l’instant, Job lui répond : « Nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ? » (verset 10). Je n’arrive pas à croire qu’il a dit cela ! Je le répète : « Nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ? » Et il est dit ensuite : « En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres. »
Laissez-moi vous dire une chose, bien-aimés : Job vient de dresser un monument de louange au beau milieu de la vallée du désespoir. On aurait cru qu’il allait tout abandonner, et pourtant, il élève la voix et affirme en substance ce que vous et moi devons dire aujourd’hui : Dieu mérite notre adoration sur la montagne, mais aussi ici-bas dans la vallée.
Conclusion :
Job est accablé de chagrin—et avec raison. Il a tout perdu, y compris ses enfants. Mais la souffrance s’intensifie encore avec l’apparition d’un tourment physique. Et malgré cela, Job va démontrer qu’un enfant de Dieu peut glorifier le Seigneur, même au cœur de la souffrance.
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